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qui se réservent la plus grosse part du bénéfice de l’invention qu’ils exploitent, nous proposons à l’État d’organiser, non pas un monopole, — que le commerce anarchique continue son agitation dispendieuse tant qu’il voudra, qu’il continue de faire des victimes s’il en trouve, — mais une Société centrale d’échange direct, garantissant le produit en quantité, qualité et prix, faisant l’escompte à 1/2 p. 100, et se contentant pour sa commission de 2 1/2 p. 100 en maximum : les bénéfices de l’exploitation devant en outre être partagés entre les producteurs consommateurs, appelés par préférence à souscrire.

Tel est le point de départ de la nouvelle institution dont nous allons maintenant parcourir les conséquences :

1. Si donc, par le système que nous proposons d’établir, les frais de circulation et d’échange, soit des intermédiaires entre la production et la consommation, frais qui s’élèvent aujourd’hui à 35 p. 100, d’après le témoignage de M. Chevalier, se réduisaient du premier coup à 5, le septième de la dépense actuelle ; il est clair que le prix des produits diminuerait sur la totalité de 30 p. 100, c’est-à-dire qu’il ne se composerait plus en général que des frais de production, augmentés de 5 p. 100 pour l’échange.

Le premier effet de l’institution est donc de créer la vie à bon marché, ce rêve d’Henri IV, poursuivi par quelques esprits généreux de notre époque.

2. Si le prix des produits diminue, la consommation croît d’autant, et par conséquent le bien-être. La circulation, de pauvre et fiévreuse qu’elle était, devient pleine, active et régulière. Nous touchons à la santé du corps social, à la vie normale.

3. La consommation rétablie, la production ordinaire devient insuffisante ; le débouché appelle le produit, comme l’estomac du convalescent appelle la nourriture. De là une demande plus considérable de travail et de bras. Quel service à rendre à la ville de Paris, aux départements, au commerce, à l’empire, écrasés sous les dépenses énormes