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§ 8. — Création de succursales.

La Société de l’Exposition perpétuelle est destinée à centraliser toute la circulation commerciale. Elle n’existerait qu’à demi ; elle, manquerait à sa mission, elle péricliterait et tomberait à la fin, si, par une inconséquence sans excuse, elle agissait autrement.

Que serait son papier fiduciaire, si l’usage devait s’en renfermer dans le rayon kilométrique de la capitale, tout au plus dans les limites du département de la Seine ? À quoi bon ce levier, d’un bras si long, capable à lui seul de déplacer le monde, s’il devait se borner à des économies de transport et d’usure du numéraire, d’un quartier de Paris à l’autre ; tout au plus à des balances de comptes et des virements ?

Comment ensuite, sans cette plénitude d’action que donne seule la généralité, mettre en rapport, en communication permanente, les producteurs des diverses régions du territoire ? Comment provoquer, effectuer leurs échanges ? Comment opérer le placement des produits et matières premières en excédant, soit sur autres produits et matières premières, soit sur hypothèque ?

Comment enfin arriver à l’équilibre des valeurs, ce but suprême, idéal de l’économie publique ?

Être ou n’être pas, c’est-à-dire embrasser la surface entière du pays ou rester dans le néant, telle est pour la nouvelle institution l’alternative.

Et il faut ajouter qu’il lui sera incomparablement plus aisé d’être le tout que de rester la partie : il suffit d’avoir la moindre idée de la circulation et de l’échange, d’en connaître les conditions et les exigences, pour s’en convaincre. Eh quoi ! le moindre fabricant parisien, le plus petit banquier de province a des relations dans chaque chef-lieu, dans chaque capitale ; il est, en puissance, la banque centrale du globe ; il perdrait si on lui interdisait la moindre