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que l’argent est en hausse ou plus demandé : la Société, ayant à faire l’escompte de ses valeurs en ses propres billets, donnera 100 francs de sa monnaie contre 105 francs d’or = 100 francs d’argent, ou, pour parler plus juste, contre un poids d’or supérieur d’un vingtième à celui de cinq pièces de 20 francs, et un poids d’argent inférieur d’un vingtième aussi à celui de vingt pièces de 5 francs, soit dix-neuf.

Par cette compensation, la Société n’a fait aucun bénéfice ; elle n’a fait autre chose qu’intervenir, avec la monnaie qui lui est propre, pour rétablir l’équilibre, et c’est juste le contraire de ce que pratique la Banque de France, qui, maîtresse de payer ses billets en or ou en argent, les deux métaux étant reçus comme monnaie légale, donne de l’or si l’or est en baisse, ou paie en argent si l’argent est plus offert et moins demandé : de sorte que, dans l’un et l’autre cas, elle réalise un bénéfice. Par où l’on voit la différence qu’il y a entre une institution de privilège et une institution d’utilité publique : la première exploite le public, la seconde le sert.

Ce que nous venons de dire pour l’or et l’argent a lieu pour tous les produits, matières premières, substances alimentaires : quelles que soient pour tous l’offre et la demande, deux puissances qu’il n’est donné à personne de prévenir ou d’empêcher, la Société, par son tarif du changé, en annule les oscillations en compensant à chaque instant la hausse par la baisse, et vice versa.

Ainsi, la Société suivant l’offre et la demande dans toutes leurs évolutions, sans les quitter d’un pas, s’attachant à elles comme l’ombre au corps, il en résulte que la hausse et la baisse du change déterminé par le tarif tend à remplacer la hausse et la baisse des produits.

Des conséquences inappréciables et d’une portée immense résultent de là. Il s’ensuit, par exemple :

1° Que tous les produits sont pour ainsi dire monétisés, doués au plus haut degré de la faculté circulatoire. Toute la différence entre eux étant indiquée par le tarif du change,