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avec eux, sous forme de marchés à livrer à époques échelonnées, de produits portant indication précise du prix, des quantités et qualités, livrables à la Société ou aux porteurs de ses ordres, contre des sommes déterminées en billets de la Société ou en valeurs sociales.

Par ces traités, dont les conditions ont été arbitrées contradictoirement entre les producteurs déposants et le jury d’estimation, lesdits producteurs se trouvent assurés contre la hausse et la baisse, qui, dès ce moment, deviennent sans intérêt. C’est la Société seule que cette hausse et cette baisse désormais concernent.

Mais, ainsi qu’il a été dit § 1er, la Société ne se livre pour son compte à aucun trafic ; elle ne peut devenir acquéreur et propriétaire des produits ; conséquemment elle ne spécule point, à la manière des gens de bourse et courtiers de commerce, sur la hausse et sur la baisse ; l’agiotage, l’accaparement lui sont interdits. Son salaire à elle, la source de son revenu et de ses bénéfices, est dans sa commission son escompte, ses menus droits de magasinage et dépôt. Si donc elle s’empare du mouvement, si elle tend, par tous ses efforts, non pas à se rendre maîtresse absolue des cours, ce qui est impossible, mais à les diriger ; ce n’est point en vue d’un lucre : c’est uniquement afin de les modérer l’un par l’autre, d’en faire la compensation perpétuelle et quotidienne.

Si donc la demande se porte avec vivacité sur un produit, pendant qu’il y a délaissement d’un ou plusieurs autres, la Société élève de x p. 100 le prix du premier, et baisse en même temps d’une quantité x, égale à la précédente, le prix des autres, de façon que la compensation soit, autant que possible, exacte. C’est à cause de la difficulté d’obtenir cette exactitude mathématique qu’il est accordé une tolérance qui, se compensant elle-même d’une période à l’autre, ne peut jamais affecter l’avoir de la Société.

Supposons, par exemple, que l’or, ainsi qu’il arrive en ce moment, soit en baisse, c’est-à-dire plus offert, tandis