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Après nous être consultés, et avoir mûrement réfléchi, tant sur l’objet de la fondation demandée que sur l’initiative dont elle émane, nous avons cru qu’il ne pouvait en aucune façon convenir à des hommes qui, depuis plus de vingt ans, se sont dévoués à cette grande cause du travail et du prolétariat, qui, à cette heure encore, souffrent pour elle, de la part de tous les partis comme de celle du gouvernement, calomnie et refus de publicité, de se tenir à l’écart, dans une réserve qui serait regardée comme une marque d’impuissance et de mauvais vouloir, qui pourrait même un jour leur être imputée à crime.

S’abstenir sur une question qui peut devenir décisive pour le salut de la Révolution, alors que les ennemis de la Révolution, ceux qui se connaissent et ceux qui ne se connaissent pas, sont d’accord pour l’étouffer, ce n’est plus à nos yeux de la dignité ; ce serait plutôt de la désertion.

Quelque faible espérance que nous dussions avoir de faire agréer nos idées, nous avons donc résolu, sans préoccupation de doctrines ni de parti, et en nous renfermant dans les limites de la question posée, de faire connaître avec simplicité et franchise notre sentiment. Et de même que nous espérons démontrer les résultats immenses de notre projet pour l’avenir de la démocratie ouvrière, nous n’en dissimulerons pas non plus les précieux avantages pour le Pouvoir, quel qu’il soit, qui s’en fera l’initiateur. En sorte que si ce projet était jugé digne, par Son Altesse Impériale, d’être mis sous les yeux de l’Empereur, Sa Majesté n’aurait pour l’écarter qu’une excuse : celle de servir mieux les intérêts populaires, en servant mieux aussi les intérêts du gouvernement.