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le crédit, la population, l’impôt, etc., lorsque, vers 1854, je m’aperçus que la dialectique d’Hegel, que j’avais dans mon Système des Contradictions économiques, suivie, pour ainsi dire, de confiance, était fautive en un point et servait plutôt à embrouiller les idées qu’à les éclaircir. J’ai reconnu alors que si l’antinomie est une loi de la nature et de l’intelligence, un phénomène de l’entendement, comme toutes les notions qu’elle affecte, elle ne se résout pas ; elle reste éternellement ce qu’elle est, cause première de tout mouvement, principe de toute vie et évolution, par la contradiction de ses termes ; seulement elle peut être balancée, soit par l’équilibration des contraires, soit par son opposition à d’autres antinomies.

Je demande pardon de ce détail, sans lequel on ne s’expliquerait peut-être pas comment., ayant commencé la critique de la propriété en 1840, je n’en produis la théorie qu’en 1862. Sans parler des distractions puissantes que 1848 et 1852 ont jetées à travers les existences, chacun comprendra que, dans des études aussi ardues, où le philosophe opère, non sur des corps, mais sur des idées, la moindre inexactitude de méthode, conduisant à des résultats faux, entraîne des retards incalculables. Nous ne pensons plus d’intuition aujourd’hui, et il y a longtemps que notre raison prime-sautière a dit son dernier mot. L’expérience doit en être faite pour tout le monde : le bon, sens tout seul, assisté de la plus forte dose d’érudition et de tout l’art de la parole, ne suffit plus à la solution des hauts problèmes qui nous assaillent.