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et la métaphysique du moi, vous avez épuisé, toutes les hypothèses des jurisconsultes sur l’origine et le principe de la propriété. Vous pouvez fermer les bibliothèques ; il n’y a rien de plus. Quoi donc ! faut-il croire, avec M. Laboulaye, que la propriété est un article de foi dont la discussion doit être interdite, parce qu’agir autrement ce serait mettre la société en danger ? Mais la. justice est amie du grand jour ; le crime seul cherche les ténèbres. Cur non palam si decenter ? La propriété, c’est donc le vol ?…

Cette dialectique, convenons-en, puisque nous le pouvons sans péril, était invincible autant qu’inexorable ; et les témoignages que me livrait la législation elle-même n’étaient pas faits pour l’amoindrir. Que dire, par exemple, de cette définition romaine : Dominium est jus utendi et abutendi re sua, quatenùs juris ratio patitur ! de cette définition française, encore plus honteuse : « La propriété est le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois et les règlements. » N’est-ce pis dire oui et non sur la même chose, donner et retenir, poser un principe et le nier aussitôt par l’exception ? Soit, disais-je : la propriété sera tout ce que vous voudrez dans la mesure du droit public et des règlements. Voyous maintenant le droit public, voyons les règlements !…

La propriété absolue ! Mais, disciple de Kant et de Comte, je repoussais l’absolu à l’égal du surnaturel ; je ne reconnais que des lois intelligibles, positives, comme