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sa propriété et dans son industrie, la situation des affaires et la marche du gouvernement. La fin du doctrinarisme et du prolétariat, ces deux plaies des temps modernes, est arrivée.

La constitution de la propriété, avec le cercle d’institutions qui la garantissent et auxquelles elle sert de pivot, nous explique maintenant deux choses qui d’abord semblaient contradictoires : comment la propriété peut être purgée de ses abus et conserver néanmoins son inviolabilité ; comment ensuite on a pu la définir droit d’user et d’abuser, et faire en même temps réserve contre elle de la raison du droit, juris ratio, et de l’observation des règlements.

J’ai remarqué déjà que la création de nouvelles institutions, analogues à la propriété, l’organisation de certains services, l’établissement de certaines fonctions, ne dérogeaient pas plus à la propriété que l’existence des animaux et des plantes ne porte atteinte à la liberté de l’homme. La propriété existe au milieu de ces créations de la société, de même que l’homme au milieu des créations de la nature ; elles ne lui font rien, s’il ne lui plaît pas d’en user ; comme aussi elle y puise de nouvelles forces, des moyens d’action plus puissants, dès que, toutes les propriétés se mettant en exercice, chacune commence a éprouver l’effet de la concurrence. Quel sera maintenant le résultat de la lutte, lorsque l’individu, n’étant plus abandonné à lui-même, trouvera partout autour de lui secours, garantie, protection ? C’est ce dont il convient de se rendre compte.