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de pins et autres essences propres aux terrains pauvres, établissement de prairies artificielles, élève en grand du bétail, en vue des engrais autant qu’en vue des produits, substitution des céréales et des plantes industrielles au blé noir, défrichement des landes, remplacement des ajoncs par les trèfles, sainfoins, luzernes : telles sont les merveilles enfantées. par l’intelligence, la science et le travail sur les domaines incultes du propriétaire oisif et contemplatif, dont tout le mérite est de vouloir bien laisser faire, MOYENNANT RENTE ET TRIBUT.

Il est aisé de comprendre qu’à l’expiration des baux de trente et quarante ans, la valeur originaire du fonds pèsera d’un faible poids dans l’inventaire de l’exploitation, et que si la propriété était vraiment le fruit du travail, la part du locateur ne serait pas lourde à rembourser. Mais le droit d’accession a arrangé les choses d’une autre manière : le propriétaire garde. tout de plein droit, sans égard à la plus-value que son fonds a pu recevoir. En sorte que le fermier, s’il renouvelle bail, doit payer au propriétaire l’intérêt des sommes qu’il a dépensées, lui colon, pour l’amélioration du fonds ; en un mot, qu’il reste ou qu’il se retire, soit avoir est perdu pour lui.

Nous voilà loin des églogues de MM. Troplono, Thiers, Cousin, Sudre, Laboulaye sur la propriété et sa légitimation par le travail, la prime-occupation, l’affirmation du moi et autres considérations transcendantales ou sentimentales. Le public comprend-il déjà que d’un chapeau, d’un manteau à une terre, une maison,