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on trouve le plus de liberté et d’égalité sont ceux que régit la propriété. Il suffit de rappeler ici et l’existence des grands fiefs, et les droits féodaux, et la servitude ou le servage féodal. Peut-être, répliquera-t-on, qu’en cela le principe de la possession était violé, et qu’il n’est pas juste, en théorie, de charger un principe des malversations de ses applicateurs. Mais c’est justement là qu’est l’illusion, comme je vais le démontrer.

Nous avons reconnu que les facultés de réalisation entre les individus et les races étaient inégales ; que du moins le développement n’était pas le même pour tous : les uns montrant plus, les autres moins de précocité ; que c’était à cette cause qu’il fallait attribuer l’inégalité des conditions, des fortunes et des rangs ; mais que les lois de l’organisme politique étaient contraires à cette inégalité ; qu’il y avait, par conséquent, effort général de l’humanité vers le nivellement, et que c’était afin de rétablir le niveau social qu’avait été posé, d’un consentement unanime, le principe d’égalité devant la loi.

Nous avons remarqué que ce principe, d’une incalculable portée, devait avoir pour effet, dans une société de justice et d’ordre, de réduire l’inégalité des conditions et des fortunes, toujours entachée d’arbitraire, à celle des services et produits ; en autres termes, de faire que la fortune du citoyen fût l’expression exacte, non de sa capacité ou de sa vertu, doses qui ne se mesurent pas, mais de ses œuvres, comparées aux œuvres de ses concitoyens. On peut voit, par la