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est indifférente à l’usage auquel on l’emploie ; autant elle, se montre destructive, autant elle petit devenir conservatrice ; si parfois elle éclate en effets subversifs au lieu de se répandre en résultats utiles, la faute en est à ceux qui la dirigent et qui sont aussi aveugles qu’elle.

L’État constitué de la manière la plus rationnelle, la plus libérale, animé des intentions les plus justes, n’en est pas moins une puissance énorme, capable de tout écraser autour d’elle, si on ne lui donne un contre-poids. Ce contre-poids, quel peut-il être ? L’État tire toute sa puissance de l’adhésion des citoyens. L’État est la réunion des intérêts généraux appuyée par la volonté générale et servie, au besoin, par le concours de toutes les forces individuelles. Où trouver une puissance capable de contre-balancer cette puissance formidable de l’État ? Il n’y en a pas d’autre que la propriété. Prenez la somme des forces propriétaires : vous aurez une puissance égale à celle de l’État. — Pourquoi, me demanderez-vous, ce contre-poids ne se trouverait-il pas aussi bien dans la possession ou dans le fief ? — C’est que la possession, ou le fief, est elle-même une dépendance de l’État ; qu’elle est comprise dans l’État ; que, par conséquent, au lieu de s’opposer à l’État, elle lui vient en aide ; elle pèse dans le même plateau : ce qui, au lieu de produire un équilibre, ne fait qu’aggraver le gouvernement. Dans un tel système, l’État est d’un côté, tous les sujets ou citoyens avec lui ; il n’y a rien de l’autre. C’est l’absolutisme gouvernemental dans son expression la plus haute