La philosophie a eu raison, depuis trois siècles, de bien des institutions et de bien des croyances : en sera-t-il de même de la propriété ? Si mon opinion peut être ici de quelque poids, j’ose répondre qu’il n’en sera rien. La jurisprudence n’a pas saisi jusqu’à ce jour les causes ou les motifs de la propriété, parce que la propriété, telle qu’elle vient de se révéler à nous dans son principe et dans son histoire, est un fait de la spontanéité collective dont rien ne pouvait, à priori déceler l’esprit et la raison ; parce que, d’un autre côté, elle est encore en voie de formation, et qu’à son égard l’expérience est incomplète ; parce que, jusqu’à ces dernières années, le doute philosophique ne l’avait frappée que timidement, et qu’il fallait, au préalable, en détruire la religion ; parce qu’en ce moment elle flous apparaît plutôt comme une force révolutionnaire que comme une inspiration de la conscience universelle, et que si elle a renversé bien des despotismes,