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n’avait point aboli l’État, qu’au contraire l’État était sorti du cataclysme révolutionnaire plus puissant et mieux constitué, nous avons fait voir que l’État ne régnait plus seul, qu’une puissance rivale s’était levée en face de lui, à savoir la Liberté ; que dès lors, si l’État conserve par sa nature, par sa mission, d’irréfragables droits, il n’a cependant que des droits ; il a perdu son omnipotence, sa souveraineté absolue ; il est devenu une personne civile, semblable à l’un des citoyens auparavant ses sujets, ce qui veut dire, au point de vue de l’impôt, le producteur d’une utilité spéciale et conséquemment un échangiste.

Il ne s’agit donc plus de savoir qui a droit ou n’a pas droit de créer des impôts. Ce style suranné doit être banni du langage moderne.

L’État est un échangiste d’une espèce particulière, qui rend, moyennant salaire, les services qu’on lui demande ; qui par conséquent n’a pas droit de les imposer : voilà tout. Aux citoyens de s’entendre entre eux, dans leur prudence et sagesse, et selon les formes les plus amiables, sur l’espèce de service qu’ils veulent demander à l’État.

Quant à l’assiette de l’impôt et à sa répartition à propos desquelles nous avons vu se poser la question, depuis si longtemps controversée, de l’impôt unique ou multiple, la réponse, bien que compréhensive et synthétique au plus haut degré, n’a pas été moins précise et moins explicite.

Nous n’affirmons ni ne nions absolument l’unité de l’impôt ; nous n’affirmons ni ne nions davantage sa mul-