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ou sur le revenu. Jusqu’où cette fiction peut-elle aller dans la pratique ? C’est ce que nous examinerons en son lieu.

4. La préférence donnée au numéraire pour l’acquittement de l’impôt, combinée avec le mouvement des valeurs et la rapidité des transactions, rend très-difficile, pour ne pas dire impossible, à l’État, dans une multitude de cas, la découverte du vrai propriétaire et conséquemment du vrai contribuable. D’où il résulte, à priori, que le problème de l’égalité de l’impôt, qu’il soit unique ou multiple, paraît insoluble.

Observation. — C’est ici que se manifeste surtout l’action de la liberté dont nous avons dit que, depuis la Révolution, elle était devenue une puissance rivale de l’État. Aussi la pensée du socialisme a-t-elle été d’abord de restreindre cette liberté incommode, qui ne se laisse ni toiser, ni peser, ni saisir ; de réglementer toutes choses, ce qui veut dire de revenir, sous prétexte d’égalité, à l’absolutisme. Les producteurs et consommateurs, par la manière dont ils établissent leurs comptes de vente et de revient, se dérobent autant qu’il est en eux à la main du fisc, en rejetant les uns sur les autres leur cote contributive : quel scandale ! De là les plans de réglementation, de communauté, d’impôt unique, etc. Mais la liberté est invincible ; la comprimer, c’est préparer de nouvelles et plus formidables explosions. Il faut l’accepter telle que la nature nous la donne et remercier celle-ci de ce don magnifique. Toute la question est de nous arranger avec cette puissance sans laquelle nous ne