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Peut-on plus franchement se moquer et de soi-même et des gens ? Autant de phrases, autant de contradictions ; autant de mots, autant d’énigmes.

Qu’est-ce que cet impôt unique, renvoyé d’abord, quant à l’application, aux calendes grecques, et qui, en théorie, devant embrasser tous les éléments de la richesse, se compose de trois impôts, un impôt sur le capital, un impôt sur le revenu, et un impôt sur les acquisitions à titre gratuit ?

Comment la liberté, qui a justement pour effet de diversifier à l’infini et de mobiliser les valeurs, de multiplier les transactions, de rendre le propriétaire réel presque insaisissable à l’impôt, aboutirait-elle à un impôt unique, c’est-à-dire à un impôt fixe ?

On parle de la fiscalité des derniers siècles et de celle des États modernes. Que s’est-il passé dans la politique des nations, et par suite dans l’économie de l’impôt, dans son principe et sa théorie, depuis la Révolution ?

On invoque, en faveur de l’impôt unique, à venir, l’indépendance des nations. Le congrès n’a pas voulu passer sans faire ses compliments à l’Italie, à la Hongrie, à la Pologne. C’est très-honnête de sa part. Mais qu’y a-t-il de commun entre le principe de l’indépendance nationale et le principe de l’unité de l’impôt ? Il semblerait au contraire que, pour des économistes partisans du libre échange, les nations, au point de vue de la circulation des valeurs, dussent être de moins en moins indépendantes, ce qui éloigne de plus en plus la possibilité d’un impôt unique.