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multiplié ses suçoirs à l’infini. De bonne heure, les collecteurs d’impôt découvrirent cette vérité fiscale : que le moyen de tirer le plus d’argent possible d’une nation n’était pas d’imposer brutalement une grosse somme par cité, par famille ou individu, comme fait un conquérant qui a pris une ville d’assaut et qui se retire le lendemain. C’est de multiplier les contributions d’après les éléments de la richesse ; tant pour la terre, tant pour les maisons, tant pour les métiers, tant pour aller et venir, tant pour le mobilier, tant pour le vin, le blé, l’huile, etc., etc. Tout ce qui a de la valeur pour le particulier en a pour le prince ; par conséquent toute utilité est imposable.

De quelle manière et en quelle nature de valeur se fera le payement ? Ici le fisc se montra d’abord accommodant. Tout lui était bon, or, argent, grains, fourrage, bétail, hardes, provisions, corvées. Peu à peu cependant il donna la préférence au numéraire, ce qui fut pour le malheureux contribuable une incommodité, une source d’avanies de plus.

Quelle sera la quotité de l’impôt ? — Réponse : tout ce qui dépasse le nécessaire du travailleur : c’était le principe même de la servitude, le fondement du système théocratique et féodal. Nous verrons que tel est encore, dans nos sociétés modernes, le principe du prolétariat.

Toute cette économie était d’une logique, d’une régularité parfaites. Ce n’est pas par l’illogisme qu’est tombé le droit divin. Et la société moderne aurait fait un grand pas, si elle était parvenue à mettre dans son