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c’est-à-dire le roi. Le marquis de Mirabeau s’étant avisé, dans sa Théorie de l’impôt, publiée à Paris en 1761, de prétendre, avec toutes sortes de ménagements, que le souverain n’a point le droit d’imposer ses sujets sans leur intervention et sans leur consentement, il lui fut très-bien répondu par un critique : « Vous prétendez que le concours de tous au pouvoir d’un seul est ce qui constitue la puissance. Ne pourrait-on vous demander si ce concours doit être volontaire ou général ? S’il est volontaire, il est libre ; par conséquent chacun a, dans le droit, la faculté de le refuser, et dès lors la souveraineté n’existe plus. Si ce même concours doit être général, autre inconvénient ; le refus d’un seul empêchera le concours d’être unanime, et conséquemment d’opérer l’effet qu’il devait produire. » (Doutes proposés à l’auteur de la Théorie de l’impôt, Paris, 1761, anonyme.)

Que si l’on prétend échapper au dilemme du critique au moyen de la loi de majorité, nous répliquerons pour lui que la loi de majorité n’est rien de plus qu’un expédient, lequel se réduit au droit de la force, et rentre par conséquent dans le système auquel on prétendait échapper, à savoir l’absolutisme. L’autorité est absolue, ou elle n’est pas : c’est en vain que l’école doctrinaire, soufflant le chaud et le froid, l’autorité et la liberté, prétend les sauver l’une et l’autre et l’une par l’autre. Les faits, plus forts que tous les sophismes, nous ramènent à la vérité malgré nous. Dès que nous affirmons le souverain, nous aboutissons au pouvoir absolu. Combien de fois, depuis la Révolution, la