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d’instrument ; qui n’a pas la conscience du droit n’a pas droit. Sans conscience et sans idée, le peuple est indigne de respect ; il ne mérite même pas cette espèce de considération qui s’attache à la force.

Citoyens du canton de Vaud, c’est du milieu de vous qu’est sortie la pensée de soumettre à une discussion publique la grave et difficile question de l’impôt. Quarante-cinq concurrents ont répondu, des différentes contrées de l’Europe, à l’appel de vos magistrats… Ainsi la révolution sociale n’est plus, comme il y a treize ans, égarée à travers les faubourgs d’une capitale, compromise dans des manifestations sans portée. Elle est partout où il existe des esprits libres, des consciences qui raisonnent ; elle est là surtout où les chefs de l’État regardent comme leur plus glorieuse prérogative d’apprendre à la multitude à réfléchir sur ses droits et sur ses devoirs.

J’ai résumé dans cet écrit la substance de tout ce que j’ai publié et affirmé, en économie politique, depuis vingt ans. La théorie de l’impôt, telle qu’elle va vous être présentée, est une déduction du principe de la justice d’après les maximes et définitions de 1789 ; un corollaire de la théorie du crédit, de la théorie de la propriété, je dirai même, en dépit des murmures, de la théorie récemment produite du droit de la force… Après le suffrage que je viens d’obtenir parmi vous, n’ai-je pas le droit de dire de mon œuvre qu’elle est aussi conservatrice que radicale, œuvre d’ordre autant que de progrès ?

Créer des impôts, instituer des pouvoirs, nommer