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au contraire, le peuple demande que le fisc s’abatte sur cette épargne et l’en fasse profiter. C’est son système, c’est toute sa philosophie de l’impôt. Aussi, l’impôt sur le capital, sur l’épargne, l’impôt sur les successions, l’impôt progressif, de même que l’impôt sur les riches, ont-ils au plus haut degré la faveur populaire.

En étendant l’observation de Michel Chevalier aux grandes compagnies créées par l’État au détriment du domaine public, et qui exploitent les services publics comme des fermes, on pourrait dire :

« Si la nation avait à payer chaque année cinq cents millions de moins à ces compagnies, ce serait une économie dont s’augmenterait d’autant le bien-être général, ou une capitalisation qui servirait à la production de nouvelles richesses. » Ici encore les idées de la démocratie sont complétement fourvoyées. Sans doute elle n’aime point les grandes compagnies, dont elle ne partage pas les dividendes. Mais demandez-lui ce qu’il conviendrait de faire des chemins de fer : elle vous répondra, non qu’on doive réduire les tarifs au prix d’exploitation et d’entretien, mais qu’il faut livrer les voies ferrées à l’État, qui palpera le revenu.

Encore un mot sur les préjugés populaires en matière d’impôt, et je clos ce paragraphe.

Le peuple qui, depuis un siècle, sur la foi du Contrat social, a pris l’habitude de se croire souverain, et qui parfois savoure en esprit les délices de la souveraineté, le peuple raisonne de l’impôt à la façon de