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sont dépenses de second ordre, sur lesquelles il y a lieu pour la députation nationale de se montrer sévère (C).


Préjugés populaires sur les dépenses d’État.


On a dit que la première chose que faisaient les Français, lorsqu’ils se rassemblaient quelque part hors de leur pays, était de bâtir une église ; la seconde, d’élever un théâtre ; la troisième, d’ouvrir des cafés. Cette observation, peu bienveillante, indiquerait que, selon le génie français et en dépit des définitions économiques, les dépenses d’État sont positivement les premières de toutes, tant par leur importance que par la supériorité du besoin auquel elles répondent.

Qui ne voit que les Français dont il est ici question ne sont pas des hommes qui débutent dans la civilisation, mais des civilisés dont le cerveau a reçu l’empreinte du régime d’État et de tous les raffinements de l’existence, et qui, perdant de vue le point de départ, se mettent à reconstruire l’édifice social par les combles ? Ainsi raisonne partout la multitude, toujours plus pressée de suivre son idéal et de servir ses voluptés que d’assurer sa subsistance. Des églises, des théâtres, des palais, des cafés, des maisons de plaisir, du luxe et des magnificences, d’abord ; on songera ensuite, si l’on y songe, aux routes, à l’éclairage, aux voies de communication, à la salubrité. En tout cela, il n’est que trop vrai que la multitude marche d’accord avec son gouvernement. Oh ! quand il s’agira de