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perte, répondre à un besoin tel, que celui qui éprouve le besoin consente à donner du produit un prix égal au moins à la dépense que ce produit coûte. Hors de là, le service ou produit offert, dépassant les besoins de la consommation, la demande du marché, tombe dans l’avilissement : ce qui signifie, quant au gouvernement, que la dépense qu’il s’est permise a été inopportune, prématurée, exorbitante, partant ruineuse. En deux mots, la loi de l’offre et de la demande est obligatoire pour l’État comme pour les particuliers. C’est d’après cette loi, plutôt sentie que nettement conçue, qu’il est admis en principe, par la presque totalité des nations de l’Europe, que toute dépense d’État doit être votée par le pays ou par ses représentants. Le pouvoir, dépensier de sa nature, offre toujours plus qu’on ne lui demande et autre chose que ce qu’on lui demande. On lui a donné des contrôleurs, qui sont des députés de la nation, juges naturels des besoins du pays et de l’utilité des dépenses du gouvernement. Ici se découvre la transformation d’un principe d’économie en principe politique : principe radical, destructif de tout arbitraire, et qui aurait bientôt fait disparaître la majeure partie des abus en matière d’impôt, s’il était appliqué avec la vigueur qui sied à un peuple économe et libre.

Une conséquence de ce principe est d’assigner aux dépenses d’État leur véritable rang dans le système des consommations et des reproductions sociales. Suivant les uns, les dépenses d’État sont pour une société civilisée des dépenses de premier ordre, qui