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des taxes afin de se créer des revenus, à plus forte raison pour en gratifier des inutilités et des figurants.

C’est d’après ce principe que tout péage, tout impôt sur les voies de circulation doit être réprouvé dès qu’il a pour but, comme cela a lieu en France, en Angleterre, etc., pour les canaux et chemins de fer, de reproduire, avec le capital dépensé, un bénéfice. — Cette question des voies de transport, si mal comprise par le législateur français de 1842, et sur laquelle reposent tant d’oisivetés, mérite que nous nous arrêtions un instant.

La viabilité d’un pays est un chapitre essentiel du compte de ses frais généraux : à ce titre l’exploitation est à tout le monde, c’est-à-dire à l’État, par conséquent en particulier à personne. La dépense une fois faite, l’usage des voies doit être livré à la nation gratuitement. S’il fallait faire payer l’usage des routes, des chemins vicinaux, d’après les règles du commerce individuel et en vue de couvrir les frais d’entretien, l’intérêt et l’amortissement des capitaux engagés, ce serait jeter sur la circulation un embargo bien autrement ruineux pour le pays que la perception, sous forme d’impôt, des sommes nécessaires à cette nature de dépenses. On a cru pouvoir s’écarter de ce principe en ce qui concerne les canaux et les chemins de fer ; et déjà les suites funestes de cette erreur prennent les proportions d’une crise. En ce qui concerne les canaux, d’abord il n’a jamais été possible d’appliquer les tarifs prévus par les traités de 1821 et 1822 ; d’autre part, les porteurs d’actions réclamant les rem-