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contraire, en progression plus rapide que la population.

Du reste, il y a mille manières de faire bénéficier les services de l’État ; bien entendu que ce n’est pas pour la nation qu’il bénéficie. Depuis le caporal d’ordinaire qui se faisait un boni sur la soupe du soldat, sauf à partager ensuite avec le capitaine, jusqu’à l’intendant de la liste civile (voir les pamphlets de Timon) confondant les droits de la couronne avec ceux du Domaine, le budget du prince avec celui de l’État, on peut dire que tout pillait et grappillait jadis dans un gouvernement aussi vaste que celui de la France ; en autres termes, que les dépenses de l’État, je ne parle que des services vraiment utiles, coûtent 25 et 30 p. % de plus qu’elles ne devraient. Seulement, il faut ajouter que cela se fait en pleine et parfaite sécurité de conscience. — Les mêmes abus, les mêmes énormités se voient en Angleterre et partout : le soleil de l’économie politique ne luit pas pour le monde gouvernemental.

La démocratie, je parle d’une démocratie qui a conscience et respect d’elle-même, suit nécessairement des principes opposés. Non-seulement elle fait la chasse aux gros traitements, aux cumuls, aux sinécures, aux pots-de-vin et à toute espèce de perception abusive, reste de l’ancien droit divin monarchique et féodal ; elle professe cette théorie qui coupe court à tous les sophismes, savoir : que les services publics, de quelque nature qu’ils soient, doivent être établis pour le pays à prix de revient. Il implique contradiction qu’un peuple bénéficie sur lui-même, s’impose