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ment, pensions et sinécures aux courtisans, aux maîtresses, tout ce qui faisait l’éclat de la monarchie. On ne payait pas seulement le prince pour ses services, on le payait parce qu’il était prince, nominor quia leo. C’était le peuple lui-même, pensait-on, qui s’honorait, se dotait, se magnifiait en la personne de son chef. Cet usage subsiste toujours, quoiqu’un peu voilé : là est la source du méchant esprit qui dans les monarchies règne sur cette abstruse matière de l’impôt. Aujourd’hui que tout le monde raisonne et calcule, ces mœurs princières, qui jadis éblouissaient la multitude, tournent insensiblement au scandale. L’économie politique vit de principes, non de fictions. La Révolution de 89 a dit que le roi était un mandataire, un fonctionnaire, un employé ; tôt ou tard cet employé recevra le juste prix de ses services : rien de moins, rien de plus. C’est dans la logique des choses, bien autrement impitoyable que la logique des hommes.

Distinguons donc soigneusement entre les services et produits des simples particuliers, dont le prix normal, légitime, se compose des frais de production, plus un tant pour cent de profit, et les produits et services de l’État, dont le prix doit rester égal à la dépense, c’est-à-dire sans bénéfice. La raison de cette différence est que le travailleur, chargé seul du soin de son existence, sujet à mille accidents, doit non-seulement vivre de son travail pendant le temps qu’il travaille, mais encore, en vue des éventualités de l’avenir, avoir un reste ; tandis que l’État subsiste de la subvention assurée des citoyens, n’agit au nom et que