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de la multitude, ni plus ni moins que les grands empires. Les dépenses de ces compagnies ou corporations sont des dépenses d’État.

Sur tous les points de l’Europe, de gros capitalistes, de riches industriels, sollicitant la concession de voies ferrées destinées à servir leurs propres usines, s’engagent à construire en commun, et sur leurs ressources particulières, les chemins dont le bénéfice se retrouvera pour eux, non dans la perception d’une taxe, puisqu’ils sont tout à la fois consignateurs et consignataires, transporteurs et péagers, mais dans la facilité et la rapidité des communications. Dépense d’État.

Les armateurs d’un port se réunissent et entreprennent, par souscription, la construction de docks et de bassins pour le déchargement et l’emmagasinage de leurs denrées. Dépense d’État.

On conçoit de même que tous les échangistes d’un pays prennent l’initiative d’une banque nationale, dont le capital, formé encore par souscription, n’aurait droit qu’à une prime d’amortissement, le bénéfice général de l’institution devant se retrouver dans la réduction au prix de revient des frais d’escompte. Pareilles institutions ont été depuis longtemps proposées en France : elles ont reçu un commencement d’application en Belgique, en Prusse et ailleurs. Dépense d’État.

Tout de même l’État, ce n’est pas seulement la justice, la police, la diplomatie et la guerre, c’est encore une gestion d’intérêts collectifs ; à ce titre, et indépendamment de sa sublimité, à laquelle aucune autre