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peut faire que des particuliers à une personne collective, qui a nom l’État. L’initiative des agriculteurs, industriels, commerçants, transporteurs, entrepreneurs, ouvriers, commis, etc., etc., suffit à pourvoir à la plupart des besoins de la société. L’intervention du gouvernement dans les transactions et entreprises qui sont du ressort de l’activité personnelle est réprouvée à la fois par la science et par la liberté. Il est démontré depuis longtemps que les régies coûtent beaucoup plus cher que le travail libre autonome. Cependant il existe des services dont l’initiative, la dépense et la liquidation ne peuvent incomber à tel ou tel en particulier, et qu’il appartient à la collectivité des citoyens de réglementer et de solder. Ces services constituent la spécialité de l’État et sont l’objet de l’impôt.

L’idée de faire du gouvernement, au point de vue de l’impôt, un simple échangiste, est encore assez neuve, malgré nos soixante et dix ans de révolution ; elle est trop en contradiction avec nos mœurs tout empreintes de théosophie et théocratie, avec nos habitudes de sujétion, pour que je ne lui donne pas ici quelque développement. La théorie et la pratique de l’impôt en dépendent tout entières. Assimiler le pouvoir à une branche de la production est presque une irrévérence, un sacrilége. Mais les affaires ne comportent pas de mysticisme ; elles ont pour formule la balance des comptes, non l’épopée ; et quand on persisterait à faire de l’État et du prince qui le représente une émanation de la Divinité, quand les décrets du souverain devraient être pris, selon le vieux style,