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mal n’aient pas soupçonné le remède. Comment ne l’ont-ils pas indiqué ? Je veux le dire : ils n’ont pas osé ; ils ont reculé devant uneperspective qui leur semblait révolutionnaire ; ils ont pensé qu’il n’était pas bon pour la société de suivre la justice à outrance, et ce qui ne fut de la part des maîtres qu’une réserve mal entendue est devenu un dogme pour leurs successeurs.

Cependant il n’est pas possible que l’équivoque se prolonge. Les populations demandent justice et vérité, et elles ont droit de l’obtenir. Chaque jour l’obscurité diminue : au point où en est la science, il suffit d’un homme qui ose tout dire pour que tout le monde voie. Je tâcherai d’être cet homme-là.


§ 1er. — DE LA NATURE DE L’IMPÔT.


Commençons par désobstruer le chemin. Le moyen pour cela est de procéder à la façon des algébristes, par élimination.


L’impôt n’est ni un tribut, ni une redevance, ni un loyer, ni un honoraire, ni une offrande, ni une assurance.


Qu’est-ce que l’impôt dans une société libre ?

Ce n’est pas un tribut : la notion de tribut est incompatible avec celle de liberté et de souveraineté. Même dans le cas d’incorporation d’un pays dans un autre, le tribut a cessé d’exister : les citoyens incorporés sont assimilés à ceux de l’État incorporant ; tous