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Mais non, l’économie politique n’existe pas ; elle attend encore son premier instituteur. Rien de ce qu’on débite en son nom n’est marqué au coin d’une raison démonstrative : témoin le libre-échange, que personne encore n’a su ramener à une théorie rationnelle, exempte de contradiction, et dont la pratique produit en ce moment en France, à côté des souffrances les plus vives, des avantages plus que douteux ; témoin la division des industries, dont les inconvénients, de l’aveu des économistes, compensent, et au delà, les bénéfices ; témoin la question de population, qui depuis Malthus soulève la pudeur publique ; témoin la question de l’or, à propos de laquelle M. Chevalier a jeté dans le monde des affaires une panique ridicule ; témoin la propriété, dont il existe autant de théories que d’économistes, quot capita, tot sensus ; témoin la question de l’impôt, que le conseil d’État du canton de Vaud s’est vu dans la nécessité de mettre au concours, et sur laquelle M. Cherbuliez, nommé rapporteur, garde un silence profond. Était-ce le cas à lui de parler de notions superficielles ? Ah ! monsieur, du professeur à l’écolier, de l’académie au candidat, il n’y avait pas, croyez-moi, la distance de votre férule, et tout ce que nous pouvons, après nous être critiqués l’un l’autre, c’est de nous tendre modestement la main.

2. Après ce premier grief, qu’il eût été au moins prudent de laisser dans l’ombre, M. le Rapporteur en soulève un autre, presque aussi grave. Je cite ses paroles :

« Les chapitres où l’auteur expose l’origine et les développements successifs de la fiscalité révèlent chez lui ce « manque absolu de sens historique et cette inintelligence des nécessités gouvernementales qui caractérisent toujours, au moins en France, une certaine école de penseurs. Il ne voit dans l’ancien régime, c’est-à-dire dans tout ce qui a existé avant la révolution de 1789, qu’un continuel abus de la force brutale, s’abritant sous un pré-