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le cinquième de la contribution. Il ne m’appartient pas, je le répète, d’élever à cet égard la moindre critique. Je pense seulement que cette taxe pourrait être augmentée, sans danger pour la propriété, si, par l’organisation du crédit public, par la réforme des marchés, etc., l’État de Vaud pouvait obtenir à ses propriétaires une compensation, sans laquelle toute surtaxe pourrait être accusée d’injustice. Il s’agirait aussi de savoir quelle est, sur la totalité de la population dans le canton de Vaud, la proportion des familles propriétaires ; car il est évident, d’après nos principes, que plus les propriétaires seront nombreux, en autres termes, mieux la propriété sera répartie et les fortunes égalisées, plus on pourra laisser au rentier, puisque l’impôt, quel qu’il soit, se rapprochera toujours, dans ce cas, de l’égalité. Il en est autrement en France, en Angleterre, où la terre est répartie d’une manière beaucoup moins égale, et où le tiers de la nation et même davantage appartient à l’industrie : là il est évident que la rente doit être frappée, la masse de l’impôt établie sur elle, d’abord pour raison de justice, puis pour raison d’équilibre.

Il est une institution qui manque à la Suisse, que l’on ne rencontre encore nulle part sur le globe, et que l’on me permettra de considérer comme un des rouages principaux de cette grande machine fiscale : c’est le service du crédit public, organisé par le public, et fonctionnant pour le compte du pays. J’ignore si une création de cette importance conviendrait à un petit État comme le canton de Vaud ; mais elle con-