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dépenses de l’État. Quelle différence entre les citoyens de la libre et modeste Helvétie, et les sujets de ces grands groupes politiques, la France, par exemple, et l’Angleterre, où, pour un revenu certainement inférieur à celui des familles vaudoises, chaque tête d’habitant doit à l’État 50 et jusqu’à 60 fr., sans compter l’octroi des villes, c’est-à-dire près du cinquième du revenu ! Que la démocratie vaudoise en soit convaincue : personne, en France, ne songerait à attaquer l’impôt, personne ne se plaindrait de son inégale répartition, si tout à coup, par un miracle du ciel, cet impôt du cinquième était réduit au vingtième du produit. On ne parlerait plus d’impôt progressif, ni d’impôt sur le capital, ni d’impôt sur les rentes ; on ne crierait ni contre l’enregistrement, ni contre le timbre, ni contre les patentes, licences et douanes ; on n’aurait pas le moindre grief contre la gabelle et les droits réunis. Trente-cinq francs par personne et par an remis par le fisc aux contribuables, deviendraient pour la masse des familles comme un petit héritage : la France se croirait la plus libre, la plus riche, et serait la plus joyeuse des nations.

D’après les renseignements que j’ai pu me procurer, l’impôt foncier, équivalent d’un impôt sur la rente, est soumis dans le canton de Vaud, ainsi que le droit d’enregistrement, à une certaine progression. C’est aussi ce que je suppose ; seulement l’impôt foncier, au lieu de fournir les 3/5 de l’impôt, comme je le voudrais pour la France, en le convertissant en un impôt sur la rente, ne supporte, dans l’État de Vaud, que