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tion des rapports sociaux, et de l’impôt qui en est ici l’expression, devait enfanter d’incroyables abus. Toutefois ne le perdons pas de vue : c’est ainsi qu’a débuté partout l’ordre politique ; c’est par de semblables idées que la civilisation a marché ; et, chose bien plus étrange, c’est dans cette pratique abominable que nous finirons par découvrir les principes qui doivent régir la société et le système des contributions modernes.


Effet de l’impôt sur les masses : tandis que la plèbe se civilise, l’aristocratie se déprave.


Jetons donc encore un regard sur cette théorie de l’impôt, telle que nous la donnent à l’unisson la féodalité, le droit divin et l’antique esclavage.

Partout l’impôt apparaît comme la tache originelle et le cachet de la servitude. Non contentes de s’affranchir des charges publiques, les classes privilégiées se font octroyer des pensions sur les revenus de l’État. Les cahiers de 1483 réclament, à l’égard des pensions, « que messeigneurs qui en jouissent se contentent des revenus de leurs seigneuries, ou au moins que ces pensions soient modérées, raisonnables, supportables, car elles se prennent, non sur le domaine du roi, qui n’y pourrait fournir, mais sur le tiers état. Il n’y a si pauvre laboureur qui ne contribue à payer ces pensions, et il est souvent arrivé que, pour y subvenir, il est mort de faim avec ses enfants. »