Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/326

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Reste cependant à compléter, par les voies que nous jugerons les plus convenables, la somme de contributions déclarées nécessaires au service de l’État. Cette somme, évaluée au vingtième du produit national dans les conditions de paix et d’ordre que nous avons dites, la dotation de l’État et les services publics directement reproductifs d’utilité nous en ont fourni, par hypothèse, les quatre cinquièmes, soit 400 millions sur 500. C’est donc encore une somme de 100 millions, qu’il s’agit de trouver. Je continue de prendre pour terme de comparaison le budget de la France : rien n’étant plus aisé que d’appliquer ensuite les principes posés et les conclusions développées aux budgets des autres pays.

Or, nous trouvons en France une longue série de taxes diverses, que l’on peut qualifier toutes de facultatives, en ce sens qu’elles sont de pure invention fiscale, que rien dans la science économique ne les justifie a priori, qu’elles ne découlent pas d’un droit, comme la part de l’État dans la rente, ou ne sont pas motivées par un service rendu, comme la taxe des banques et transports. Elles sont facultatives encore en ce qu’elles n’ont rien d’organique, de compensatoire, et que leur suppression, loin de nuire à la marche de la société, ne servirait qu’à faciliter son mouvement, d’autant qu’elles n’ont absolument d’autre but que de suppléer à l’insuffisance d’un revenu que les anomalies sociales, les révolutions dynastiques, les folies du pouvoir et l’imbécillité populaire laissent fort en arrière.