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avons vu qu’en matière de crédit et de banque la rente, loin de servir la circulation, agissant comme un monopole, est une cause de déficit et un principe de misère. C’est pourquoi, rétablissant le crédit sur sa base légitime, nous avons fait rentrer dans la masse la totalité des bénéfices, agios, escomptes et usures prélevés par les concessionnaires et monopoleurs, moins une fraction minime réservée à l’État à titre d’impôt.

Nous avons opéré de même à l’égard des canaux, routes et chemins de fer : en userons-nous encore de même vis-à-vis de la propriété minière ?

À cette question je réponds, et ce sera ma conclusion sur le rôle politique et économique de la rente, qu’en principe la tendance de la société, surtout depuis la révolution de 1789, n’est point à une création artificielle de nouveaux rentiers, au développement de la classe privilégiée, mais à l’émancipation et à la suprématie de la classe travailleuse ; en ce qui concerne particulièrement la propriété minérale, que l’exploitation des mines a donné lieu depuis cinquante ans aux plus scandaleux abus ; qu’il implique contradiction et que ce serait, de la part du gouvernement, une sorte de forfaiture, que des dépôts qui intéressent les générations à venir soient livrés à des mains avides, dont le seul but est de satisfaire aux jouissances présentes ; conséquemment qu’il y a lieu d’assimiler les mines aux chemins de fer, d’organiser des compagnies ouvrières qui les exploitent, d’en faire livrer les produits aux citoyens à prix d’extraction, sauf un impôt ad valorem à percevoir par l’État.