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même avec les établissements de crédit, avec les voies de circulation et les mines ; en autres termes, s’il imposera la rente de l’argent, des chemins de fer, des canaux et des mines, c’est-à-dire les profits des banquiers, des commissionnaires et des extracteurs, comme il a imposé ceux des propriétaires terriens ; ce qui signifie que la constitution desdites rentes serait consacrée et rendue définitive par l’impôt.

De tout temps l’État obéissant à ses tendances aristocratiques, et considéré par ceux qui l’inspirent, le dirigent ou en exercent les fonctions, comme une métairie qui doit les enrichir, l’État, loin de demander à la rente la plus forte part de ses dépenses, a tendu au contraire à la dégrever ; bien mieux, il s’est efforcé de créer des rentes là où il ne devait pas y en avoir, à augmenter la classe des rentiers au détriment de celle des travailleurs. Par ces créations illusoires, l’État, qui s’imaginait enrichir la nation, n’a fait qu’aggraver l’iniquité de l’impôt.

C’est ainsi qu’il a concédé à des compagnies de spéculateurs le privilége des banques, celui des mines, celui des canaux et des chemins de fer. L’empereur Napoléon Ier regardait comme un de ses titres de gloire d’avoir, par sa législation minière, créé un nouveau genre de propriété : en quoi il ne se serait point trompé, si l’exploitation minérale avait pu être assimilée à l’exploitation agricole.

Or, nous avons vu que le crédit public constitue un service public ; que ce service, loin de pouvoir donner lieu à une rente, en exclut au contraire l’idée ; nous