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mation. Comment donc, encore une fois, donneraient-elles une rente ?

Les mines sont des dépôts créés par la nature, des espèces de magasins publics pour l’avantage d’un certain nombre de générations, mais qui ne se renouvellent pas. Il se peut que l’extracteur en tire annuellement fort au delà de ce qui est nécessaire à son existence ; mais au point de vue de la société qui embrasse la série des générations, on ne saurait admettre que l’usage des mines constitue une rente. C’est un approvisionnement qui se consomme, voilà tout : ce qui est précisément le contraire de la rente.

En soi, je le répète, dans la nature des choses et au point de vue de la collectivité sociale, la rente ne représente rien, n’est rien. C’est zéro.

La terre cultivable a été partagée, appropriée : il était inévitable qu’elle le fût ; il faut qu’elle le soit. C’est à la suite de ce partage que s’est manifesté, dans les relations d’exploitant à exploitant, de propriétaire à fermier, ce que nous appelons aujourd’hui rente. L’État n’avait ici rien à changer, rien à détruire : il a pris les choses telles qu’il les a trouvées et les a couvertes de sa protection. Nous disons aujourd’hui que c’est sur la rente qu’il doit faire pivoter l’impôt, non point comme si la rente devait être considérée par l’État comme un don gratuit de la nature envers la nation, mais parce qu’elle est un don gratuit pour ceux qui en jouissent, les rentiers.

Il s’agit maintenant de savoir si l’État en usera de