Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/315

Cette page a été validée par deux contributeurs.

donne lieu dans chaque pays à la formation de deux classes nouvelles de citoyens, la classe des industrieux et la classe des propriétaires, cette dernière tendant d’ailleurs et de plus en plus à se confondre, partie avec les exploitants du sol, partie avec les industrieux, commerçants, fonctionnaires publics, etc.

Or, ce que nous venons de dire de la terre est vrai, à plus forte raison, des établissements de crédit, des voies de transport et des mines. Ni les uns ni les autres ne donnent de rente ; je raisonne toujours du point de vue de la collectivité : un tel rendement est chose impossible, contradictoire.

Il n’y a pas, il ne saurait y avoir, au point de vue de la richesse générale, une rente de l’argent. La fabrication de la monnaie fait partie des frais généraux de la société ; elle a pour but, non de procurer une jouissance, mais de faciliter les échanges et partant la consommation des produits : c’est un supplément de travail, qui par lui-même est absolument improductif ; comment procurerait-il à la nation une rente ?

De même, et par des considérations semblables, il n’y a pas, il ne saurait y avoir une rente des routes, des canaux et des chemins de fer. Comme l’argent sert à l’échange des produits, mais sans être lui-même un produit, puisqu’il ne consomme pas, pareillement, les voies de transport servent à la circulation desdits produits, mais sans qu’on puisse les considérer elles-mêmes comme des produits, attendu que, pas plus que l’argent, et bien qu’il faille les réparer et entretenir, elles n’entrent dans la consom-