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sidéré comme échangiste, rend ses services à prix de revient, ce qui veut dire, en langage commercial, gratuitement. Il ne tire des capitaux dont il dispose, et qui sont ceux de la nation, aucun intérêt ; il ne prélève, en sus du prix de revient de son travail, aucun bénéfice. Mais, attendu que la somme des frais et dépenses des services de l’État dépasse la dotation qui lui est assignée, il est nécessaire qu’il reçoive, en certains cas, en sus du prix de revient de ses services, un excédant, non à titre de profit, mais à titre d’impôt.

Que peut donc coûter à l’État le service du crédit public ?

Une banque nationale, disait fort bien Napoléon Ier, doit opérer sans capital. Les actions de la Banque de France, versées en guise de cautionnement, ne sont pas entrées dans ses caisses ; le montant en a été livré à l’État, qui en paye l’intérêt. Ce qui forme aujourd’hui l’encaisse de la Banque n’est pas l’argent de ses actionnaires ; c’est l’argent du public, dont il est absurde de faire payer au public l’intérêt. Mais l’État, ou, pour mieux dire, la nation, n’a pas besoin de cautionnement, d’autant moins qu’une banque nationale, opérant avec la prudence qui est sa loi, n’est exposée à aucune perte. Ainsi, la Banque de France actuelle, avec les trois signatures, n’éprouve généralement pas de banqueroute : si quelque sinistre de ce genre lui arrive, on peut dire que c’est sa faute. La cause en est au favoritisme qui accompagne tout monopole. Depuis soixante ans, elle s’est trouvée quelquefois