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Si les dépenses excédaient 500 millions, l’excédant devrait être réparti de manière que la rente foncière en eût les trois cinquièmes, le reste proportionnellement entre les autres taxes, de sorte que la charge la plus lourde, formant les trois cinquièmes de la totalité du budget, portât toujours sur la rente, de toutes les matières imposables celle qu’il y a le moins de risque de surcharger, dût-on aller jusqu’à son entier épuisement.

Il faut d’ailleurs qu’il en soit ainsi afin que la classe des propriétaires, en tout pays la plus influente, soit directement intéressée au dégrèvement de l’impôt, et qu’elle constitue, vis-à-vis du pouvoir, une censure permanente, irrésistible. La propriété, il faut le dire, a jusqu’ici oublié ses devoirs. Elle s’est montrée, en ce qui touche les dépenses de l’État, d’une tolérance, pour ne pas dire d’une complicité scandaleuse. Un budget qui enlève à une nation le dixième de son revenu est excessif ; que dire d’un système d’impôt qui, grâce à la faculté illimitée d’ouvrir des crédits, à la facilité d’accumuler les dettes, enlève jusqu’au sixième et au delà ? Pour remédier à de tels abus, ce ne sont plus des théories de l’impôt qu’il faut demander, ce sont des mesures à perpétuité révolutionnaires.

Ces principes posés, la taxe à établir sur la circulation banquière, en autres termes, le taux de l’escompte à la Banque nationale, se réduit à un calcul de proportion que chacun peut faire. Je me bornerai, pour mon compte, à une simple observation de droit.

En principe, et d’après le droit moderne, l’État, con-