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culation économique, les transactions sont engrenées les unes dans les autres, et qu’un des effets de cet engrenage, le plus terrible de tous, est de rejeter sans cesse sur la masse des consommateurs ce que le fisc semble n’avoir demandé qu’à la terre, à la maison, à l’appartement, etc. C’est un résultat analogue, mais en sens inverse, qu’il s’agit maintenant de déterminer. Au lieu de prendre à la masse, l’État, par son organisation du crédit, rendra à la masse. Lequel donc vaut le mieux pour le pays d’imposer, comme le propose M. de Girardin, au profit du gouvernement, 1 ou 2 pour 1,000 sur les capitaux mobiliers, sur les métalliques, ou d’amener par une bonne organisation du crédit les capitalistes à baisser d’autant leur intérêt ? Dans le premier cas, l’impôt perçu est rejeté par le capitaliste sur le débiteur hypothécaire, puis par celui-ci sur la masse, et consommé improductivement par l’État ; dans le second, c’est le capital qui de lui-même s’offre avec réduction de 1, 2, etc., pour 100 d’intérêt, au profit de l’entrepreneur-propriétaire, qui consomme cette remise reproductivement. N’est-ce pas comme si l’État, après avoir frappé, par l’impôt, la rente foncière, dégrevait d’autant, par la Banque, la propriété, comme s’il lui créait un équivalent de rente sur les capitaux d’emprunt ?

L’organisation du crédit mobilier et foncier donnerait lieu à des observations analogues. Mais je ne puis me lancer dans ce vaste sujet : je laisse à mes lecteurs le soin de développer le principe et de le pousser à ses dernières conséquences.