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Tout service de l’État qui a pour objet de créer une utilité matérielle, positive, mesurable, par exemple un transport, un magasinage, une extraction, est directement reproductif. Au fond, c’est une branche d’industrie.

Tout service, au contraire, qui n’a pour but que d’entretenir le bon ordre dans la société, de favoriser le progrès de la raison et des mœurs, d’entretenir les esprits et les consciences dans la sérénité, la confiance, la pratique du dévouement, la disposition à toutes les vertus, est indirectement reproducteur. Dans cette catégorie se rangent les fonctions judiciaires, la police, le service des armées, le culte, la littérature, les sciences et les arts. De tels services sortent de la catégorie utilitaire : leurs produits ne peuvent être assimilés aux choses vénales ; ce ne sont pas des fonctions mercantiles ; les personnes qui s’y vouent reçoivent un traitement, des honoraires, non pas précisément un salaire. Du reste, il est impossible de tracer ici aucune ligne de démarcation rigoureuse. Il est des services qui par un côté se rapprochent des services directement reproductifs, et qui par un autre n’ont rien de servile, qui répugnent même à l’idée de salaire : parmi ces fonctions à double face, on peut compter le service médical, l’instruction publique, l’administration.

Je divise donc les fonctions de l’État, au point de vue de l’impôt, en deux espèces : fonctions directement reproductives, ou simplement productrices ; et fonctions indirectement productives, ou, comme on