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de prendre au travailleur son nécessaire, tandis que la rente n’est elle-même, pour celui qui en jouit, qu’un excédant du nécessaire ; il le faut à peine de porter atteinte aux sources de la richesse ; il le faut, si l’on ne veut pas que, dans une république fondée sur les principes du droit humain et de l’égalité, le rentier se transforme en un pur parasite ; il le faut, parce que l’État, représentant de la société, a, par sa protection, par sa garantie, par toutes les créations dont l’effet est d’augmenter sans cesse la rente, un droit de haut domaine sur le sol ; il le faut, enfin, parce que ce n’est qu’à cette condition que les peuples sauront se prémunir contre l’exorbitance des budgets et les entraînements du gouvernementalisme.

C’est aux propriétaires fonciers de réfléchir sur leur position, et de mesurer le danger immense que leur fait courir leur folle alliance avec le pouvoir, j’ai presque dit leur complicité avec le fisc. Le droit divin est mort ; le propriétaire, sorti de la même glèbe que l’ouvrier, ne peut avoir la pensée de restaurer à son profit le régime féodal, et de se substituer à cette noblesse que la révolution faite par le tiers-état a détruite. Il ne peut pas conserver la prétention de s’exonérer à tout jamais de l’impôt, en rejetant le fardeau des dépenses publiques sur la masse des consommateurs, ce qui aboutit constamment à faire que ce soit le riche qui en supporte la moindre part. L’anomalie de l’impôt n’est plus aujourd’hui qu’un reste des habitudes seigneuriales que