Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/296

Cette page a été validée par deux contributeurs.

citoyens que de passer à l’État. Mais il est permis de prévoir le cas où, par des circonstances indépendantes de la volonté du pays, l’impôt devra être élevé de moitié, du double, du triple au-dessus de sa limite normale. Je dis qu’alors la dotation assignée à l’État sur la rente foncière doit croître comme l’impôt, dût la rente, par cet accroissement, disparaître entièrement pour le propriétaire. Il y va, non-seulement de la richesse et de la prospérité publiques, mais du droit public et des libertés de la nation. Hors de là, nous retombons, par le fait de l’impôt, dans la féodalité terrienne, de celle-ci dans la féodalité industrielle et banquière ; nous retournons au droit divin.

Car, de même que l’impôt sur la rente, indépendamment du droit qu’a l’État à une part de cette rente, est de tous les impôts, ainsi que le dit Rossi, celui qui affecte le moins le capital, le travail, les profits et les salaires, et qui trouble le moins l’œuvre de la production ; et comme c’est en raison de ces avantages que, dans un état de choses où l’impôt ne serait que du vingtième du produit brut collectif, nous avons demandé les trois cinquièmes de ce vingtième à la rente foncière ; de même et à plus forte raison, dans un cas exceptionnel, dans un ordre de choses anomal, où l’impôt atteindrait jusqu’au cinquième du produit brut du pays, ce devrait être encore à la rente foncière de fournir les trois cinquièmes de ce cinquième, les trois cinquièmes de l’impôt. Elle y passerait presque tout entière, je n’en disconviens pas ; mais il le faut absolument, à peine