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qui, sous le régime actuel, donne 3,000 fr. net au propriétaire, ne lui rendra plus, si le budget reste le même, que 1,000 fr. Alors vous verrez les rentiers, les propriétaires, toute la bourgeoisie haute et moyenne se joindre au prolétariat pour demander la réduction de l’impôt, le fisc arrêté dans ses envahissements, et le gouvernement mis à la raison.

Je propose en outre : 1o d’appliquer aux rentes le principe de la progression dans les deux sens, c’est-à-dire, de faire la part du fisc plus forte sur les grandes propriétés et sur les plus petites, afin de pousser insensiblement, d’un côté à la division des vastes domaines, de l’autre à la réunion des parcelles ; 2o de recevoir le payement de l’impôt en argent ou en nature, à la convenance du propriétaire : on en verra plus loin le motif.

Cet article ne recevrait d’ailleurs son application qu’à l’égard des terres destinées à la grande culture : les jardins de plaisance et potagers seraient exceptés. Afin de marier ensemble, selon le vœu de plusieurs économistes, l’industrie et l’agriculture, on pourrait encore rendre l’impôt plus léger en faveur des ouvriers de fabrique, qui, en sus de leurs travaux manufacturiers, et pour des raisons d’économie domestique, se livrent à l’exploitation de petits terrains.

Je ne m’étendrai pas davantage sur ce chapitre, le premier de notre nouveau budget. À ceux qui objecteront que le propriétaire foncier gagnerait peu à une telle réforme, je ferai observer : que la propriété n’est pas une fonction, mais un privilége ; qu’à moins de