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valeurs, naturellement et nécessairement instables. Il en résulte que le problème de la péréquation de l’impôt est, ainsi que nous l’avons démontré, théoriquement insoluble.

Mais si l’égalité ne peut être atteinte, il ne s’ensuit pas qu’elle ne puisse être approchée ; elle reste toujours la loi de la société, la formule de la justice aussi bien pour les conditions et fortunes que pour l’impôt. C’est donc un mouvement de tendance, d’approximation indéfinie, qu’il s’agit de déterminer dans le corps social. Ici, tout le monde comprendra que si l’État a un rôle important à jouer, il ne peut agir seul. La question intéresse au plus haut degré l’économie publique : il s’agit de l’industrie, du commerce, du travail et de la propriété, de tout ce que le droit moderne a enlevé à la souveraineté de l’État, pour en doter la liberté. Si donc le fisc ne peut se rapprocher de la justice qu’autant que l’organisation économique se rapprochera de l’égalité, c’est aux citoyens de prendre l’initiative des réformes, et plus que jamais il leur importe, pour la sécurité de leurs personnes et la garantie de leurs fortunes, de décentraliser le gouvernement.

Quant à l’État lui-même, sa marche est tracée. De même que, par la distribution de son pouvoir, il doit favoriser le développement de toutes les libertés, de même par la direction et l’organisation de ses services il doit procurer l’égalité.

Que si l’on prend texte de la part d’action que je reconnais au Pouvoir dans cette œuvre de nivellement ;