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dépenses ainsi que les recettes à faire en chaque localité soient, autant que possible, attribuées à la localité même. L’idéal du gouvernement, par conséquent l’idéal de l’impôt, ne serait-il pas que chaque citoyen, se gouvernant lui-même conformément aux lois, accomplît lui-même, pour lui-même, la part des services publics que la collectivité réclame et dont il est participant ? N’est-il pas clair qu’alors chacun payant pour soi, acquittant, à l’aide de ses propres ressources et dans la mesure de sa fortune, sa part des charges publiques, on ne pourrait plus dire, avec autant de vérité qu’aujourd’hui, que le prix de ces mêmes charges, l’impôt, retombe sur la masse ?

Eh bien ! la décentralisation nous fait faire un pas vers cet idéal. Il faut que Lausanne paye pour Lausanne, non pour Berne, Zurich ou Fribourg. En France, le gouvernement a toujours marché à l’envers de ce principe : il s’éloigne par conséquent de plus en plus de l’égalité et de l’économie fiscales, quand il se réserve de nommer les maires, quand il compose les conseils municipaux, quand il gouverne des municipalités telles que Paris et Lyon, où ne manquent certes pas les lumières, par des commissions.

4o Dernière considération, de toutes la plus grave :
Point d’égalité de répartition dans l’impôt, avons-nous dit, avec des fortunes inégales : cela est d’évidence mathématique. Absolument parlant, l’égalité des fortunes est irréalisable, puisque, les individus fussent-ils tous égaux en talents et en capacités, cela ne suffirait pas encore, il faudrait pouvoir fixer les