économie de frais dans un pays tel que la France, par exemple, de supprimer tous les impôts et de se borner à exiger de chaque individu une contribution de 50 fr. 41 cent. par tête. Mais une semblable réforme de l’impôt, irréprochable quant à la logique, source d’une économie de plus de cent millions, et qui n’aurait en soi rien de plus injuste que le système existant, paraîtrait bientôt à l’application tellement monstrueuse, qu’il suffirait de la proposer pour déterminer un soulèvement.
On peut faire le même raisonnement à l’égard de tout autre impôt. Ce que nous avons dit notamment de l’impôt progressif et de l’impôt sur le capital suffit à faire comprendre à quelle épouvantable perturbation on pousserait la société si l’on essayait, pendant six mois seulement, d’appliquer de telles utopies. L’anomalie de l’impôt, ou, pour mieux dire, sa nature contradictoire, éclate d’autant mieux qu’on se renferme dans une seule espèce : c’est une poignée de verges auxquelles on aurait substitué une massue.
L’unité de l’impôt est de pure théorie. Elle consiste en ce fait tant de fois exprimé, que tout impôt se prélève en définitive sur le produit, et que les différentes formes qu’il affecte ne sont que les différentes manières dont le fisc se procure sa prébende. La société est la déesse aux grandes et nombreuses mamelles, qui nourrit de son lait, non pas seulement l’État, mais tous les citoyens. Regardez comment ceux-ci se comportent. S’adressent-ils à un seul et