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§ 2. — QUE LA PÉRÉQUATION DE L’IMPÔT EST UN PROBLÈME INSOLUBLE.


A parler rigoureusement, la péréquation de l’impôt est dans l’ordre économique ce que la quadrature du cercle, la trisection de l’angle, la duplication du cube, le mouvement perpétuel, sont dans les mathématiques : un problème insoluble, une contradiction. Cela ne signifie pas que l’inégalité de l’impôt ne puisse être plus ou moins grande ; que par conséquent on ne puisse parvenir, à l’aide de certains procédés et sous certaines conditions, à restreindre cette inégalité et à se rapprocher de l’égalité, de même qu’en multipliant les côtés du polygone inscrit dans le cercle on parvient à approximer le rapport du rayon à la circonférence : cela signifie, chose grave assurément, que si l’imagination conçoit à priori l’égalité ou proportionnalité de l’impôt, si la conscience la réclame, la théorie la dénonce comme une contre-vérité, une hypothèse irrationnelle, une chimère.

Cette vérité doit être avant tout considérée comme fondamentale et fortement inculquée, si l’on ne veut s’exposer à retomber dans l’utopie, ouvrir la porte au charlatanisme et, sous prétexte de servir le droit, soulever de plus profondes et de plus irréparables iniquités.

D’où vient donc cette contradiction ?

La raison de l’insolubilité du problème de l’impôt a été amplement développée dans ce mémoire, et je