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mot, et je n’hésite pas à le dire, le moins imparfait.

« Vous voulez imposer la circulation, l’étalage, l’habitation, les mutations, l’initiative personnelle, le jour, la nuit, l’eau, l’air, le feu, la naissance, le mariage, le plaisir, le deuil même. Mais toutes ces choses sont de pur nécessaire et doivent rester sacrées, comme le travail et le salaire. Là ne peut être le revenu de l’État, parce que là il n’y a point d’excédant, point de reste. Adressez-vous à la terre, notre commune nourrice ; prenez la rente.

« La rente foncière, part du seigneur, part du clerc, part du roi, chez toutes les nations à l’état féodal, la rente foncière est le revenu naturel de l’État, là où la royauté, la théocratie et la noblesse ont disparu pour faire place à la démocratie ; la rente, en un mot, c’est l’impôt. » (De la Justice dans la Révolution et dans l’Église, ibid.)

Quel est donc le défaut de ce système ?

C’est, 1o que l’impôt sur la rente, si on le limite au droit de l’État, ne peut fournir qu’une fraction de la dépense de l’État : témoin la France, où le budget atteint 1,929 millions, tandis que le droit de l’État à la rente foncière ne lui allouerait au plus que 600 millions ; 2o que si, pour satisfaire aux besoins exorbitants du fisc, sans toucher à l’avoir des petites gens et en garantissant à tous les travailleurs et mercenaires un minimum franc d’impôts, l’État, sans autre forme de procès, s’empare de la totalité de la rente foncière, alors on retombe dans l’inconvénient signalé