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ne crois pas non plus être descendu aussi bas dans l’erreur. Puisqu’en fait d’impôt toute prétention à la justice est fatalement utopique, voici quelle fut un jour mon utopie.

Je dis mienne, et j’ai tort. L’idée première de l’impôt sur la rente foncière appartient aux physiocrates ; je n’ai fait que la présenter dans l’énergie de son principe et la rigueur de ses conséquences, avec une connaissance réfléchie du sujet, qui ne fut jamais ni dans l’esprit de Quesnay, ni dans la tête de l’Ami des hommes, le marquis de Mirabeau.

Tel était d’abord mon préambule : je le cite, parce qu’il va me servir de récapitulation.

« On n’a rien laissé à dire sur l’impôt. Toutes les combinaisons dont il est susceptible ont été essayées, proposées, discutées, et, quoi qu’on ait fait et qu’on ait dit, il est resté comme une énigme insoluble, où l’arbitraire, la contradiction et l’iniquité se croisent sans fin.

« L’impôt foncier agit sur l’agriculture comme le jeûne sur le sein de la nourrice ; c’est l’amaigrissement du nourrisson. Le gouvernement en est convaincu : mais, dit-il, il faut que je vive !

« L’impôt des portes et fenêtres est une taxe sur le soleil et l’air, que nous payons en affections pulmonaires, en scrofules, autant qu’avec notre argent. Le fisc n’en doute pas : mais, répète-t-il, il faut que je vive !

« L’impôt des patentes est un empêchement au travail, un gage donné au monopole.