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cond touche seulement à son superflu sans l’épuiser, ce qui n’est ni humain ni juste. Essayerez-vous de faire marcher plus vite la progression ? Vous tombez dans les inconvénients anti-économiques et antisociaux que nous avons signalés en traitant de l’impôt progressif. Abandonnerez-vous la progression et fixerez-vous, dans l’intérêt du pauvre et du salarié, un minimum de revenu ? Mais alors le revenu net y passe tout entier : la rente foncière, les bénéfices du commerce et de l’industrie, les dividendes des compagnies, les rentes sur l’État, sont absorbés ; ceux qui payent l’impôt et ceux qui en vertu du minimum en sont exemptés, tout le monde se trouve au niveau. C’est ce que nous avons établi précédemment, à propos de l’impôt progressif, quand nous avons prouvé que la moyenne de produit par famille, impôt déduit, étant de 875 fr., si l’on prend ce chiffre de 875 fr. pour limite inférieure de la faculté contributive, tous les excédants de revenu passent à l’impôt.

Après une telle démonstration, il devient superflu de discuter l’impôt sur le revenu net. — Imposer le revenu net, à l’exclusion du travail et du salaire, comme cela paraît juste au premier coup d’œil, et, ne craignons pas de le dire, comme cela est incontestablement juste, c’est confisquer purement et simplement le revenu net. Le budget des dépenses établi, voté par les représentants de la nation, réserver un minimum franc d’impôt, c’est déclarer que, les revenus supérieurs au minimum devant seuls payer l’impôt, il n’y a de revenu net pour personne, il n’en existe